À la suite du billet de François Pouliot dans le journal Les Affaires, je me suis intéressé au titre suivant. Voici un copy-paste du billet en question :
« Grand Canyon Education : une université différente
Une université américaine inscrite en Bourse. Comme son nom l'indique, Grand Canyon est installée en Arizona. Elle compte au-delà de 75 000 étudiants, dont plus de 60 000 qui sont inscrits à des cours... en ligne.
L'établissement offre 160 programmes en éducation, en santé, en administration, en ingénierie et en arts libéraux. Elle se développe année après année, grâce à une augmentation de sa fréquentation et de sa rentabilité.
D'ici 2020, elle veut porter l'effectif qui fréquente ses classes physiques de 15 500 à 25 000 étudiants, une croissance annuelle d'environ 10 %. Elle souhaite aussi voir ses inscriptions en ligne grimper de 6 % par année.
Comment cette université réussit-elle à faire de l'argent, alors que plusieurs peinent à joindre les deux bouts ? Grâce au nombre important de ses étudiants en ligne, elle dégage une marge bénéficiaire plus importante que les universités physiques traditionnelles. Elle mise moins sur la recherche et davantage sur l'enseignement, ce qui pèse moins lourdement sur ses coûts. Et elle utilise ces avantages pour exiger des frais de scolarité moins élevés, ce qui amène plus d'inscriptions.
Côté évaluation, le titre est à un niveau nettement moins stratosphérique que les titres chinois : 14 fois le bénéfice prévu en 2016 et 13 fois celui prévu en 2017. »
Voici un complément d’information qui est le fruit de ma recherche. J’ai pris plusieurs passage du dernier rapport annuel de la société.
Mission : The University offers online and campus-based Bachelor's and Master's degree programs through the College of Business, College of Education, College of Nursing and Health Sciences, and College of Liberal Arts and supports both traditional undergraduate students as well as the working professional.
Les opérations sont divisées en 2 groupes principaux: les cours sur campus et les cours en ligne. Ces derniers ont le vent dans les voiles puisqu’ils permettent d’étudier à moindre coût pour les étudiants tout en permettant d’avoir un horaire plus flexible. La marge par cours en ligne est plus élevée puisqu’un même cours peut être offert à plusieurs reprises. L’enrôlement augmente plus rapidement dans les cours en ligne que dans les cours sur campus ce qui est une bonne nouvelle. Les autres secteurs plus marginaux sont une participation dans un club de golf près de l’université et des activités immobilières pour offrir des dortoirs et des installations sportives aux étudiants. Le campus est possédé par l’entreprise et inclut un terrain supérieur à 200 acres.
Enrôlement : approximately 74,500 students at December 31, 2015. At December 31, 2015, 79.6% of our students were enrolled in our online programs, and, of our working adult students (online and professional studies students), 47.8% were pursuing masters or doctoral degrees.
Clientèle cible : « We define working adults as students age 25 or older who are pursuing a degree while employed. As of December 31, 2015, 87.1% of our online and professional studies students were age 25 or older. We believe that working adults are attracted to the convenience and flexibility of our online programs because they can study and interact with faculty and classmates during times that suit their schedules.» et « At December 31, 2015, we had 74,506 students enrolled in our courses, of which 59,311, or 79.6%, were enrolled in our online programs, and 15,195, or 20.4%, were enrolled in our ground programs. Of our students in online programs, which were geographically distributed throughout all 50 states of the United States, and Canada, and in professional studies programs, 87.1% were age 25 or older. Of our traditional on-campus students, 93.8% were under age 25 and, although we draw students from throughout the United States, a majority were from Arizona. » Tant que la clientèle des travailleurs de plus de 25 ans sera ciblée, les marges demeureront élevées puisque les cours en ligne sont privilégiées ce qui allège la structure de coût.
Expansion : L’expansion est réalisée à même les free cash flow dégagés par l’entreprise. Elle ne verse pas de dividende et ne rachète presque pas de ses actions (moins de 10M$ par année pour une capitalisation de 2G) puisque 100% des flux de trésorerie sont réinvestis dans l’expansion. Jusqu’à présent, l’université n’a procédé à aucune acquisition pour financer sa croissance.
L’entreprise cherche à devenir rapidement un incontournable dans l’éducation en ligne avant qu’un autre joueur lui tire le tapis sous les pieds. L’entreprise n’a pratiquement pas de dette si l’on considère que le montant de ses emprunts est légèrement inférieur à son encaisse et ses placements à court terme. La croissance ne semble pas terminée comme le démontre le passage suivant « We intend to continue to expand the size and enhance the profile and reputation of our ground campus by, among other things, adding faculty, excelling in the performance areas such as athletics, debate, theatre, music and dance, expanding upon our campus infrastructure and technological capabilities, and potentially adding additional locations in the Southwest United States. These activities will require significant capital expenditures. »
Valeur de la société :
• Entre 2011 et 2015, les revenus ont crus sur une base annuelle de 16,2%
• Entre 2011 et 2015, le bénéfice net a cru en moyenne de 27% par année
• Le taux de croissance moyen des actions en circulation est inférieur à 1% par année depuis 2011.
• Le bilan est solide. Les dettes sont inférieures au montant d’encaisse et de placements à court terme. Le taux d’intérêt payé sur les dettes est un taux variable qui était à 1,99% au 31 décembre 2015.
• L’écart entre le nombre d’actions détenus et les actions dilués est de 2,8%.
• Aucun problème de liquidités en vue. La facilité de crédit non utilisée permettrait de pourvoir aux besoins de financement si le rythme d’expansion devait s’accélérer.
• Le fond de roulement est peu significatif ce qui donne une certaine stabilité aux cash flows d’exploitation.
• Selon un collaborateur de Seeking Alpha : « For 16 consecutive quarters, LOPE has exceeded Wall Street expectations with strong, continuous growth in student enrollment, revenue, and income. Nevertheless, LOPE's share price has not responded and it begs the question if investors will ever reap the benefits of the company's true valuation.»
• Le ratio cours-bénéfice de 14 pourrait croître de façon importante au cours des prochaines années pour refléter cette solide performance passée et la croissance future anticipée.
Avantages d’investir dans cette société :
• Il s’agit d’un secteur anticyclique puisque les individus retournent normalement à l’école lors des récessions. Investir dans cette industrie permet de diversifier son portefeuille dans le but de se protéger contre une éventuelle récession.
• L’éducation est l’avenir d’une société. Les jeunes sont de plus en plus éduqués. Les adultes n’ont pas le choix de suivre la parade s’ils ne veulent pas être dépassés par les jeunes. Bref, le secteur de l’éducation postsecondaire a de belles années devant lui.
• L’évaluation est très attractive. Il est difficile d’évaluer l’entreprise par rapport à ses pairs puisque certaines universités ne sont pas rentables (apollo group et Devry education), d’autres sont en décroissances (Strayer et apollo group) ou ne sont qu’une mince fraction de la taille de Grand Canyon (American Public Education).
Réponses
• Le nombre d’étudiants moyen par cours, incluant les cours en ligne, est de seulement 25 étudiants par classe. Les cours ont un taux d’occupation de 93,4%. Il n’est pas à l’avantage de l’université d’offrir des cours à coûts réduits si la taille des classes est réduite. Si le taux d’occupation venait qu’à baisser, les marges chuteraient rapidement compte tenu de la structure de coût basée sur des coûts fixes importants.
• L’éducation postsecondaire est régie par le gouvernement. Tout comme les compagnies d’électricité, si elles deviennent trop rentables, le gouvernement pourrait être intéressé à modifier les règles à son avantage. De plus, le gouvernement fédéral offre des prêts et bourses qui pourraient être coupés ultérieurement si la situation budgétaire du gouvernement ne s’améliore pas. Environ 75% des revenus de l’université provient des prêts et bourses fédéraux. Ce % décroit d’environ 1% par année depuis 3 ans ce qui est une bonne nouvelle. Pour avoir droit à ces revenus, l’entreprise doit conserver une bonne cote basée sur plusieurs ratios financiers. Actuellement, sa cote est de 2,9/3 alors que le programme fédéral exige que la cote soit supérieure à 1/3. Pour l’instant, je ne vois pas de menace à court terme, mais c’est un point à surveiller continuellement.
Facteurs clés à surveiller par ordre d’importance
• La croissance de l’enrôlement
• Le taux d’occupation des cours
• Le ratio donnant droit au programme de prêts et bourses gouvernementaux
• La marge brute
• Le taux de défaut de paiement des étudiants
Auriez-vous des compléments d’informations ou voyez-vous des points auquel je n’aurais pas porté attention?
Grand Canyon Education (LOPE - NASDAQ) a enchaîné les trimestres avec des résultats solides
Depuis juillet 2018, elle négocie un virage audacieux avec un nouveau modèle d'affaires.
https://www.fool.com/investing/2018/08/09/grand-canyon-educations-restructuring-plan-is-in-f.aspx
En gros, Grand Canyon Education GCE se départit de l'université et empoche 870M$. Elle se recentre sur la livraisons de services technologiques, le marketing, traitement des admissions, des aides financières, l'infrastructure pour les cours en ligne, les services aux étudiants.. bref tout ce qui hors fonctions académiques
L'université pour sa part (Grand Canyon Université GCU) redevient sans but lucratif comme la plus part des universités, avec un campus qui lui appartient, ses profs et propres employés. GCU versera annuellement 60% des frais de scolarité à GCE pour le package de services
Le CEO dit vouloir jauger l'intérêt d'autres écoles et universités comme clientèle pour les systèmes de traitement des demandes d'admission et d'aide financière. GCE aurait une longueur d'avance avec des systèmes rapides et efficients, ce qui peut faire la différence dans le processus de recrutement d'étudiants. Les prochains trimestres diront si ce pari va ouvrir un filon de croissance pas mal important.